Croisière sur le Nil

Naviguer sur le Nil est bien plus qu’une simple expérience de voyage : c’est une plongée dans l’histoire millénaire de l’Égypte. Récemment, j’ai eu la chance de vivre cette aventure unique, et je souhaite vous emmener avec moi à travers mes mots et mes photos, depuis les rives paisibles de Louxor jusqu’aux splendeurs d’Assouan.

Le bateau : Le DA VINCI, un joyau flottant

Mon aventure sur le Nil a commencé à bord du DA VINCI, un élégant bateau de croisière où chaque détail semblait pensé pour séduire l’œil et l’esprit. Avec ses lignes épurées et son atmosphère raffinée, il offrait un cadre idéal pour capturer la magie du Nil. Les grandes baies vitrées révélaient des panoramas en perpétuel mouvement, transformant chaque instant en scène photographique.

Au-delà de son esthétisme, le DA VINCI était un lieu de rencontres. Parmi les passagers, j’ai croisé des voyageurs passionnés et ouverts, avec qui les discussions enrichissantes rythmaient les soirées. Le pont supérieur, baigné par la lumière dorée du coucher de soleil, était mon endroit favori pour immortaliser les reflets changeants du fleuve.

Bien entendu, ce bateau était une échoppe de souvenirs ambulante, presque tout était bon à vendre mais le sourire radieux des employés et leur générosité nous faisaient oublier l’aspect mercantile de la croisière. 

 À bord du Da Vinci, alors que le Nil s’étire paisiblement sous les derniers rayons du soleil, le spectacle devient envoûtant. À travers le cercle métallique du bastingage, le soleil couchant semble encadré comme une œuvre d’art naturelle, se reflétant parfaitement sur l’eau immobile. Ce moment suspendu, où le ciel se fond dans le fleuve dans un jeu de symétrie et de lumière dorée, illustre toute la magie d’une croisière sur le Nil. Une scène éphémère, mais gravée à jamais dans l’objectif et la mémoire.

Première sortie à Louxor

La première sortie s’est faite à Louxor, une ville au charme intemporel. J’ai été frappé par l’atmosphère unique qui y régnait, baignant dans une teinte sable omniprésente, enveloppant aussi bien les constructions que les rues. Nous avions l’impression que la ville était figée dans le temps, comme si elle conservait l’authenticité de ses vestiges. Les ruelles étroites, bordées d’échoppes animées, ajoutaient encore plus à son caractère pittoresque.

Partout, des enfants déambulaient, un sourire malicieux au coin des lèvres. Ils nous abordaient tantôt pour réclamer un bakchich, tantôt pour nous vendre de petites babioles colorées. Pour eux, la misère n’était pas une fatalité, même si elle leur collait à la peau comme une ombre. Ils s’accrochaient à la vie avec une résilience admirable, affrontant leur réalité avec une bonne humeur désarmante, comme un pied de nez à leur condition.

Lors de cette visite, nous avons bien sûr pris un thé dans l’un des cafés les plus populaires : le café Oum Kaltoum, un lieu chargé d’histoire. Assis à une table en fer forgé, nous avions l’impression de replonger dans l’ambiance des années 50, comme si le temps s’était arrêté, figé dans une époque révolue, mais toujours présente dans chaque détail du décor.

Ce café emblématique rend hommage à la célèbre chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, considérée comme l’une des plus grandes voix du monde arabe. Dès que l’on y entre, on est enveloppé par une atmosphère nostalgique, où sa musique résonne en fond sonore, ajoutant une touche mélancolique et intemporelle à l’expérience. Les photos de la diva accrochées aux murs et la décoration traditionnelle transportent les visiteurs dans l’Égypte des années 50-60, une époque marquée par l’effervescence culturelle et artistique. Ce café est un lieu de rencontre prisé, aussi bien par les habitants que par les voyageurs en quête d’authenticité. Il incarne l’âme de Louxor, offrant une pause hors du temps, où l’on peut savourer un thé à la menthe ou un café arabe en contemplant le rythme paisible de la ville.

 En déambulant dans les ruelles de cette ville si intrigante, je suis tombé nez à nez avec cet homme sorti d’un autre temps , il tirait sur son narguilé avec un geste lent et plein de grâce il semblait être là depuis des centaines d’années. Son visage me fascinait, sa prestance et ce charisme qui se dégageaient de lui m’envoûtaient, je me suis approché de lui afin d’en savoir plus mais il n’était pas très bavard j’ai osé, à cet instant lui demander la permission de le prendre en photo. Il me regarda avec tellement de bienveillance que son sourire parut comme une offrande. je garde encore en mémoire cette rencontre inattendue comme un présent qui m’a été offert.

 La Vallée des Rois vue du ciel : un rêve éveillé

Nichée sur la rive ouest du Nil, face à Louxor, la Vallée des Rois est l’un des sites archéologiques les plus fascinants d’Égypte. Cette nécropole royale, utilisée entre le XVIe et le XIe siècle avant J.-C., abrite les tombes de nombreux pharaons du Nouvel Empire, dont la plus célèbre demeure celle de Toutankhamon. Enfouies sous les collines arides, ces sépultures témoignent de la quête d’éternité des souverains égyptiens, leurs murs sont recouverts de fresques aux couleurs encore éclatantes, malgré le poids des siècles.

Mais découvrir la Vallée des Rois ne se limite pas à arpenter ses couloirs funéraires. Ce matin-là, l’expérience a pris une toute autre dimension. Réveil à 3 heures du matin, départ sous un ciel encore étoilé, puis l’attente fébrile avant le gonflage des montgolfières.

À 6 heures, porté par l’air chaud, le ballon s’élève lentement, dévoilant un panorama à couper le souffle. Sous nos pieds, les temples et les tombeaux apparaissent dans la lumière dorée de l’aube, tandis que le Nil serpente paisiblement dans la vallée.

Un équilibre entre les éléments : montgolfières suspendues dans un ciel limpide, douce lumière dorée caressant le paysage et contrastes saisissants entre terres verdoyantes, route sinueuse et reliefs arides du désert.

Cette photo raconte une histoire : celle d’un moment suspendu dans le temps, où le spectateur devient un explorateur aérien contemplant un territoire empreint de mystère et d’histoire. Il y a une belle profondeur, qui guide naturellement le regard du premier plan luxuriant vers les temples et collines du désert, accentuant la sensation de voyage dans l’espace et le temps.

Pour un photographe, c’est un instant hors du temps, une quête du cadre parfait où la douceur du lever du soleil sublime les contrastes entre le désert, la verdure et les vestiges antiques. L’objectif capte la magie du moment, cette lumière éphémère qui enveloppe les reliefs, transformant la Vallée des Rois en une fresque vivante. Suspendu dans les airs, l’appareil photo en main, difficile de ne pas ressentir l’euphorie d’un privilège rare : voir l’Égypte sous un angle que même les pharaons n’ont jamais connu.

Le Temple de Hatchepsout : l’héritage d’une reine-pharaon

Hatchepsout, l’une des rares femmes à avoir régné en tant que pharaon, a marqué l’histoire de l’Égypte ancienne par son règne prospère au XVe siècle avant J.-C. Visionnaire et stratège, elle a commandé l’édification d’un temple funéraire à son image : grandiose et harmonieux. Niché au pied des falaises de Deir el-Bahari, son temple se distingue par son architecture en terrasses, intégrée au paysage désertique avec une élégance remarquable.

À l’approche du site, l’effet est saisissant. La façade monumentale s’élève en gradins parfaits, soutenue par de longues colonnades, créant une impression de majesté et de symétrie. Derrière, les parois rocheuses offrent un contraste saisissant, comme si le temple était une extension naturelle de la montagne. À l’intérieur, les reliefs muraux narrent les exploits de la reine : ses expéditions au pays de Pount et son ascension divine.

La visite est une immersion dans l’histoire et dans l’ingéniosité architecturale de l’Égypte antique. Sous la chaleur écrasante, la progression entre les terrasses et les salles ornées de hiéroglyphes nous transporte dans le faste du Nouvel Empire. En observant les statues et fresques encore vibrantes de couleurs, on imagine la grandeur d’une époque où Hatchepsout régnait en souveraine absolue.

La vallée des rois : visite guidée

Après la majesté de la Vallée des Rois vue du ciel, la découverte terrestre a été une tout autre expérience. À l’approche en bus, l’enchantement s’estompa face à un flot ininterrompu de touristes déversés par des dizaines de bus. Les longues files d’attente, l’effervescence bruyante et l’accès restreint aux tombeaux les plus fascinants ont brisé la magie du lieu. Ce qui devait être une plongée dans l’histoire s’est transformé en une profanation de ce lieu sacré, vidé de sa solennité par l’agitation incessante. En quittant les galeries funéraires, une pensée s’imposa : peut-être que la contemplation aérienne de l’aube sur ces terres millénaires aurait suffi.

Le Nil : un voyage au rythme du fleuve

Chaque matin, au réveil, le Nil dévoilait un nouveau visage, comme un calendrier vivant où chaque panorama était une œuvre en perpétuel mouvement. Les premières lueurs du jour faisaient miroiter la surface du fleuve, révélant les silhouettes élancées des felouques, ces embarcations traditionnelles qui glissaient silencieusement sur l’eau, voiles gonflées par la brise matinale. Sur ses rives, la vie s’éveillait au rythme immuable du fleuve nourricier : des pêcheurs lançaient leurs filets dans l’espoir d’une prise, tandis que des paysans, courbés sur leurs champs verdoyants, faisaient fructifier une terre généreuse. Plus loin, des marchands chargeaient leurs barques de marchandises, perpétuant un négoce millénaire où le Nil était bien plus qu’un simple cours d’eau : il était une artère de vie.

Assouan : Une Étape Entre Beauté et Sérénité

Après avoir longé le Nil, nous sommes arrivés à Assouan, une ville où le temps semble suspendu. En tant que photographe, les nuances de lumière et les reflets sur l’eau étaient une source d’inspiration constante. Les felouques traditionnelles, voiles gonflées par le vent, formaient des sujets parfaits.

Assouan – Le mausolée de l’Aga Khan : En allant à Assouan, on ne peut passer à côté de cet édifice majestueux qu’est ce mausolée.

Perché sur une colline surplombant le Nil à Assouan, ce mausolée est le lieu de repos du sultan Mohammed Shah Aga Khan III (1877-1957). Leader spirituel des Ismaéliens nizârites, il fut une figure influente du XXe siècle, jouant un rôle majeur dans la défense des intérêts musulmans et dans la promotion du progrès social et économique, notamment en Inde et en Afrique. Grand amateur de l’Égypte, il choisit Assouan pour son dernier repos, séduit par la beauté paisible du site et la douceur de son climat. Son épouse, la Bégum Aga Khan, poursuivit l’entretien du mausolée et perpétua son souvenir en faisant déposer chaque jour une rose rouge sur sa tombe, une tradition qui perdura jusqu’à sa propre disparition en 2000.

Trônant fièrement au sommet d’une colline désertique, l’édifice en pierre calcaire, d’inspiration fatimide, se détache sur un ciel où les nuages semblent danser sous une lumière douce et dramatique à la fois. En contrebas, un contraste saisissant s’opère entre le paysage aride et la verdure luxuriante des jardins qui bordent le Nil.

Le premier plan, occupé par les eaux sombres et calmes du fleuve, renforce l’impression de sérénité du lieu. Les rochers noirs qui émergent des berges ajoutent une touche de rudesse à cette scène, rappelant la dualité d’Assouan : un écrin de verdure au cœur du désert. L’ensemble compose un tableau empreint de mystère, où le mausolée semble veiller silencieusement sur le fleuve éternel.

Assouan – Le Temple de Philae : un joyau sauvé des eaux

Le Temple de Philae, dédié à la déesse Isis, est l’un des plus beaux sanctuaires de l’Égypte antique. Érigé à l’époque ptolémaïque sur l’île de Philae, il fut un centre religieux majeur jusqu’au VIe siècle après J.-C., lorsque l’Empire byzantin interdit le culte des divinités païennes. Mais son histoire ne s’arrête pas là. Avec la construction du premier barrage d’Assouan au début du XXe siècle, puis du Haut-Barrage dans les années 1960, le temple fut progressivement englouti sous les eaux du Nil.

Plutôt que de le voir disparaître à jamais, un projet titanesque fut entrepris sous l’égide de l’UNESCO : le temple fut démonté pierre par pierre et reconstruit sur l’île voisine d’Agilkia, un sauvetage impressionnant qui permit de préserver ce chef-d’œuvre millénaire. Aujourd’hui, le temple semble toujours flotter sur les eaux, offrant aux visiteurs un spectacle saisissant, entre histoire et résilience.

L’objectif révèle toute la magie du Temple de Philae : il semble flotter entre ciel et eau. Depuis le Nil, son reflet parfait à la surface du fleuve lui confère une aura presque irréelle, comme suspendu hors du temps. Sauvé des eaux après son démantèlement et sa reconstruction sur l’île d’Agilkia, il se dresse aujourd’hui dans toute sa splendeur. La lumière dorée du soleil glisse sur la pierre antique, sublimant les reliefs délicatement sculptés des colonnes et contrastant avec la végétation luxuriante qui l’enveloppe. Un équilibre saisissant entre la majesté du passé et la douceur d’un paysage préservé.

Un chat noir, paisiblement installé parmi les colonnes, semble en être le gardien silencieux, témoin immobile de l’histoire millénaire du lieu.

Entre ciel profond, ruines majestueuses et sérénité du Nil, Philae apparaît comme un fragment d’éternité, préservé des flots pour continuer à raconter son histoire.

Retour vers Louxor, sous un ciel en feu

Alors que notre bateau quitte Assouan pour entamer le voyage de retour vers Louxor, notre point de départ, le Nil nous offre un dernier adieu flamboyant. Le soleil, tel une braise mourante, s’enfonce lentement dans l’horizon, peignant le fleuve de teintes d’or, de pourpre et d’azur. Les reflets parfaits sur l’eau prolongent la magie de l’instant, comme un miroir où se confondent ciel et terre.

Ce grandiose coucher de soleil accompagne notre ultime traversée, laissant derrière nous les temples et les dunes, les felouques et les rives fertiles. Un au revoir empreint de sérénité, avec cette certitude que le Nil, éternel, continuera à murmurer ses histoires bien après notre passage.

Le mot de la fin : Un voyage hors du temps sur le Nil

Naviguer sur le Nil, c’est bien plus qu’un simple voyage : c’est une immersion dans l’âme même de l’Égypte, une traversée où chaque escale révèle une nouvelle facette de cette civilisation millénaire. De Louxor à Assouan, en passant par les temples majestueux, les villages nichés au bord du fleuve et les paysages baignés de lumière, cette croisière a offert bien plus que des découvertes architecturales : elle a été une rencontre avec l’histoire, la nature et surtout avec le peuple égyptien.

Tout au long du périple, la chaleur et l’hospitalité des Égyptiens ont marqué ce voyage d’une empreinte inoubliable. Des bateliers aux marchands des souks, des guides passionnés aux habitants des rives du Nil, tous ont partagé avec générosité leur culture, leur savoir et leur sourire. Ces échanges sincères ont apporté une dimension humaine à l’expérience, rappelant que l’Égypte n’est pas seulement un musée à ciel ouvert, mais aussi une terre vivante, habitée par un peuple fier et accueillant. 

Il y a eu ces moments suspendus, comme le survol en montgolfière au-dessus de la Vallée des Rois, lorsque l’aube dévoilait lentement les vestiges d’un monde révolu. Il y a eu la magie du temple de Philae, sauvé des eaux, et la grandeur silencieuse du mausolée de l’Aga Khan, trônant sur les hauteurs d’Assouan. Il y a eu le Nil, compagnon de route infatigable, reflet des ciels changeants et témoin des siècles passés.

Mais surtout, il y a eu cette sensation unique d’explorer un pays qui porte en lui l’éternité, où chaque pierre raconte une histoire, où chaque lever de soleil éclaire les traces d’un passé fascinant. Quitter le Nil, c’est refermer un livre en sachant que ses pages continueront de vivre en nous, comme une invitation à revenir un jour et poursuivre l’aventure.

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